2 Décembre 2012
Voici notre troisième billet d’une série expliquant le fonctionnement d’un centre d’archives. Dans ce billet, nous examinons la différence entre le centre d’archives, la bibliothèque et le musée. Bien que chacune de ces institutions est chargée d’assurer une forme de préservation, chacune est régie par un champ de spécialisation propre. Les trois établissements sont guidés par des pratiques disciplinaires distinctes même sous l’administration d’un seul organisme, comme cela est parfois le cas dans les universités.
Des similarités
Le centre d’archives, la bibliothèque et le musée ont tous le mandat de préserver notre héritage culturel et historique et de le diffuser au public. La différence fondamentale entre les trois institutions se situe donc au niveau du format de l’information préservée. Règle générale, le centre d’archives met l’accent sur les documents, la bibliothèque sur les livres et le musée sur les objets. On peut dire que les tâches quotidiennes d’un archiviste, d’un bibliothécaire ou d’un conservateur de musée se ressemblent, car les trois professionnels sont régulièrement appelés à faire de la classification, de l’organisation et de l’interprétation tout en offrant un service au public. L’archivistique, la bibliothéconomie (aussi connue comme les SIB, soit les sciences de l’information et des bibliothèques) et la muséologie sont des sciences auxiliaires de l’histoire qui partagent ensemble un grand intérêt pour la conservation. Avec l’arrivée de la numérisation, les trois champs disciplinaires sont devenus encore plus connexes, car les outils technologiques facilitent non seulement l’accès aux documents, mais également la coopération entre les organismes.
De différentes politiques
Les centres d’archives, les bibliothèques et les musées occupent cependant différentes fonctions dans l’espace social. Les politiques mises en place dans chacune des institutions diffèrent grandement. Considérons d’abord la bibliothèque, le lieu le mieux connu chez le grand public. La bibliothèque doit servir une large clientèle, même dans le cas des bibliothèques spécialisées. Les bibliothèques contiennent un large éventail d’ouvrages, raison pour laquelle elles sont souvent le premier outil utilisé dans le cadre d’une recherche. La plupart des bibliothèques ont des systèmes de catalogage intensifs qui permettent aux utilisateurs de repérer facilement, eux-mêmes, l’information dont ils cherchent. Les bibliothécaires se chargent donc d’acquérir de nouvelles sources qui répondront aux besoins de la clientèle et de les diffuser, soit les cataloguer, pour les rendre accessibles. On peut ainsi dire que les bibliothécaires sont des experts des sujets, car ils et elles sont capables de choisir adéquatement les sources à acquérir.
Sur la photo, une salle de lecture de la Bibliothèque publique de New York, la New York Public Library, la seconde plus grande bibliothèque publique des États-Unis après la Bibliothèque du Congrès.
Les centres d’archives, à l’inverse, se spécialisent dans l’acquisition de sources qui répondent à leur mandat. Puisque les documents retrouvés en archives sont beaucoup plus rares, les différents centres ont un mandat précis de manière à ne pas devoir se disputer entre eux pour les mêmes sources. En autres mots, les documents retrouvés en archives sont reliés à un contexte, un sujet ou un lieu spécifique. Le Centre d’archives de la Grande Zone argileuse, par exemple, amasse des records reliés au territoire sur lequel oeuvre l’Université de Hearst. Contrairement aux livres en provenance des bibliothèques, les documents d’archives ne circulent pas et doivent être consultés sur place. Cela veut aussi dire que les centres d’archives organisent différemment le contenu des documents qu’ils conservent. La pratique archivistique requiert que les documents soient organisés selon le principe du respect de la provenance signifiant que tous les documents amassés d’un individu ou d’un organisme doivent être préservés ensembles dans un même fonds d’archives. Contrairement aux collections dans les bibliothèques qui peuvent avoir un classement plus thématique, les Centres d’archives doivent organiser leurs documents en tant de respecter l’ordre originel dans lequel les documents leur parviennent.
Quant aux musées, ils sont habituellement organisés thématiquement. On expose dans les musées des artefacts uniques dans le but d’expliquer un événement historique précis ou afin de vulgariser l’histoire d’un individu ou d’une collectivité.
Sur la photo, on aperçoit la Maison de la terreur, un musée situé à Budapest, qui retrace l’histoire des dictatures subies par le peuple hongrois. À l’intérieur du musée, les terreurs fascistes et communistes y sont représentées et expliquées.
On peut ainsi dire que les musées ont principalement un mandat éducationnel, car ils visent à informer le grand public à travers l’exposition d’objets historiques. Les musées ont souvent des collections permanentes, mais aussi des expositions temporaires ce qui permet de rejoindre une plus vaste clientèle. Ce sont les conservateurs de musée qui se chargent d’interpréter la signification des objets exposés pour les visiteurs. Ils organisent la disposition des objets et fournissent des explications sur les nombreux artefacts.
Source (photos) : Wikipédia; pour la photo du NYPL, David Iliff.