11 novembre 2016
11 novembre… jour du Souvenir!
11 novembre… journée qui rappelle les atrocités de la guerre et qui tente à sa façon, de faire comprendre à l’humanité qu’elle devra un jour trouver un moyen de mettre fin à ses folies guerrières. Sinon ses idioties l’engloutiront! L’Armistice nous permet aussi de rendre hommage aux personnes tuées par ces guerres et à celles qui ont à jamais été marquées par leurs horreurs. Voilà une partie importante du devoir de mémoire que nous tentons, grâce au jour du Souvenir, de transmettre d’une génération à l’autre.
En ce jour du Souvenir, les douloureux souvenirs occupent une grande place dans ce devoir de mémoire, et c’est bien ainsi. Néanmoins, d’autres lègues méritent d’être soulignés, notamment la participation des femmes à l’effort de guerre. Surtout accompli loin des champs de bataille, l’effort de guerre des femmes n’en a pas moins été essentiel à la victoire des Alliés en 1945, et constitue une tranche importante de l’histoire des femmes en Occident.
Souvent méconnue, la venue de celles que l’on connaît comme les mariées de guerre, s’ajoute à ce lègue. Ces jeunes Européennes ont épousé des soldats canadiens stationnés dans leur pays.1 Entre 1945 et 1947, 48,000 jeunes mariées, la majorité d’origine britannique2, arrivent au Canada. Souvent accompagnées de jeunes enfants, elles traversent l’Atlantique dans des conditions généralement difficiles. Elles débarquent habituellement à Halifax (Pier 21), prennent le train pour aller retrouver leur mari ou la famille de ce dernier, un peu partout au Canada. Certaines arrivent au pays alors que leur conjoint est toujours en Europe.
L’histoire de Grahamess (Graye) Agnew Pope s’inscrit dans ce parcours.3 Née le 17 novembre 1919 à Ayr en Écosse, Graye, comme pour la plupart des jeunes de sa génération, voit son univers basculé lors la Deuxième Guerre mondiale. Lorsque la guerre éclate, elle occupe un emploi en comptabilité. Au début de 1941, elle s’enrôle dans la marine britannique et se joint au personnel de la base navale de Douglas, située sur l’Ile de Man, en mer d’Irlande.
En décembre 1941, lors d’un congé militaire, elle rencontre Reginald Pope, membre de l’Aviation royale du Canada et épouse le pilote canadien, le 21 septembre 1943. Au printemps 1945, à la suite de la capitulation de l’Allemagne, Graye retourne à la vie civile. Le 2 août 1945, alors que son époux est toujours en service en Hollande, elle donne naissance à leurs premiers enfants : les jumeaux Alan et Graham. Son service militaire terminé, Reginald Pope revient au Canada à l’automne 1945. Quant à Graye, elle quitte l’Écosse au printemps 1946 et effectue la traversée de l’Atlantique en compagnie de ses deux bébés. Une fois arrivée à Halifax, elle prend le train pour se rendre à Timmins, où son conjoint l’attend. C’est dans cette ville nord-ontarienne qu’elle donne naissance à son troisième fils, Douglas, ainsi nommé en mémoire du temps passé sur la base navale du même nom. Grahamess Agnew Pope vit à Timmins jusqu’à sa mort le 24 mars 2011. Comme toutes les mariées de guerre, elle a, à sa façon, contribué à la victoire des Alliés en 1945 et au développement du coin de pays où elle a vécu, par la suite.
En ce 11 novembre, le devoir de mémoire exige que l’on se souvienne aussi de toutes ces contributions féminines.
Photos:
1. http://www.photos-gratuites.org/photo-coquelicot.html
2. Grahamess Agnew Pope, à Ayr, Écosse, en 1943. Fonds Alan Pope (AP)
Sources :
- Mariées de guerre, billet blogue publié le 10 novembre 2015. http://www.uhearst.ca/archives/index.php/2015/11/10/mariees-de-guerre/
- Jocey Hibbert (ed). The War Brides, Toronto, Peter Martin Associates Limited, 1978, Preface.
- Information Alan Pope et Fonds Alan Pope (AP)