8 mars 2016
La semaine dernière, Lise Thériault, ministre responsable de la condition féminine au Québec, affirmait qu’elle ne se dit pas féministe, qu’elle se considère « beaucoup plus égalitaire que féministe ». Cette déclaration a créé toute une controverse et le débat continue d’être très animé au Québec. Qu’est-ce que le féminisme? Qui est féministe? Le féminisme est-il encore nécessaire ou pertinent dans la société contemporaine? Pourquoi certaines femmes refusent-elles de s’identifier comme féministes? Voilà autant de questions susceptibles d’animer notre réflexion en cette Journée internationale de la femme.
Notre billet n’a certes pas la prétention de répondre à ces questions. Il se propose plutôt de rappeler que pour comprendre le féminisme, que le Petit Robert définit comme l’« attitude de ceux qui souhaitent que les droits des femmes soient les mêmes que ceux des hommes », des repères sont essentiels. Parmi ces repères, rappelons que les statistiques démontrent qu’au Canada, les femmes gagnent généralement moins que les hommes, et ce, même quand elles travaillent dans des domaines où, à priori, les salaires sont égaux. Ainsi, entre 1976 et 2008, le revenu moyen total des Canadiennes, en dollars constants, est passé de 19 600 $ à 30 100 $; pour la même période, celui des Canadiens est passé de 45 400 $ à 47 000 $1. Rappelons également que les femmes sont toujours les plus nombreuses à vivre dans la pauvreté et à subir des violences physiques et sexuelles. Et que dire de la situation des femmes autochtones!
Ces inégalités comportent de multiples facettes, et il n’y a pas de solutions ni d’explications faciles. Il existe cependant plusieurs pistes de réponse et l’histoire nous en offre certaines. En s’intéressant à l’histoire des femmes, il est possible de mieux comprendre les revendications des féministes des années 1960 et 1970, de réaliser le chemin parcouru et les étapes à franchir avant de véritablement atteindre l’égalité homme/femme, même dans un riche pays occidental comme le Canada. Et qu’en est-il de l’histoire des femmes de notre région?
De par sa mission et son mandat, le Centre d’archives possède des documents susceptibles d’appuyer les recherches de ceux et celles qui s’intéressent à l’histoire des femmes de notre région. Parmi les fonds classifiés, notons celui de Franco-Femmes, un groupe féministe ayant été très actif dans la région, à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Au cours de cette période, le groupe organisait une rencontre annuelle intitulée Au Féminin. C’est d’ailleurs à la suite d’un atelier offert pendant une de ces journées qu’est née l’Association Parmi-Elles. Cette association a par la suite fondé La Maison Verte, une entreprise sociale visant à offrir du travail aux femmes de la région. Au départ, plusieurs femmes de la communauté ont investi dans l’entreprise, encore aujourd’hui très active à Hearst. Récemment obtenu, le Fonds Nicole Roy contient aussi des documents concernant la fondation de l’Association Parmi-Elles. Ce fonds sera classifié dès que possible. Quant à la Maison Verte, elle nous offrira bientôt une partie de ses archives. Pour sa part, le Fonds Simone Camiré, contient de nombreux documents au sujet d’organisations féminines de la région. On y retrouve, entre autres, des renseignements au sujet du chapitre de Hearst de la Fédération des Femmes canadiennes-françaises. Évidemment, il ne s’agit que d’un début et le Centre d’archives est toujours à la recherche de documents, qui nous permettront de mieux comprendre le vécu et l’histoire des femmes de notre région. N’hésitez pas à communiquer avec nous, si vous possédez ce genre de documents.
Et, en ce 8 mars, n’oubliez pas de célébrer avec les femmes de votre entourage ainsi qu’avec tous ceux et toutes celles qui croient à l’égalité entre les hommes et les femmes.
Sources :
Photo : Fonds Alan Pope AP82-PAUH
Photo illustrant la remise d’un chèque de 180 000$, représentant la contribution du gouvernement ontarien à la construction de la Maison Verte, projet dirigé par l’Association Parmi-Elles. Par la même occasion, le ministre Pope signait un accord par lequel son ministère s’engageait à acheter tous les arbres produits par La Maison Verte, pendant ses cinq premières années d’existence. De gauche à droite on reconnait : Jacques Lecours et René Viel (directeurs), Michelle Lamy (directrice de La Maison Verte), Alan Pope (ministre des Richesses naturelles de l’Ontario), Gilles Gagnon (maire de Hearst) et René Fontaine (un des propriétaires de United Sawmill et ancien maire de Hearst).
1 Statistiques Canada. Femmes au Canada : rapport statistique fondé sur le sexe. Les nombreux déterminants du bien-être économique, http://www.statcan.gc.ca, page consultée le 7 mars 2016.