31 octobre 2017
Depuis le début d’octobre, les médias ainsi que de nombreux organismes soulignent de diverses façons le mois de l’histoire des femmes. Au Canada, c’est depuis 1992 que l’on consacre ce mois à l’histoire des femmes. 25 ans déjà que l’on tente par cette démarche de rappeler la place, le rôle et l’importance des femmes dans l’histoire du pays. On a choisi le mois d’octobre pour rappeler que c’est depuis octobre 1929, que l’on reconnait aux femmes le statut juridique de personnes au Canada. En effet, un jugement du Comité juridique du Conseil Privé de Londres (à l’époque, la plus haute instance juridique du pays) détermine alors que les femmes sont des personnes devant la loi et qu’elles peuvent dorénavant siéger au Sénat canadien, droit qu’on leur refusait jusque-là. Cinq féministes avaient demandé aux tribunaux de trancher dans la cause Edwards contre le Canada, connue depuis comme le cas de la Personne.1
En cette dernière journée d’octobre, nous venons à notre tour souligner l’importance de l’histoire des femmes, en faisant un clin d’œil à nos fonds et à nos collections contenant des documents reliés au vécu des femmes de notre région.
Notons tout d’abord qu’au début du XXe siècle, période où la Grande Zone argileuse s’ouvre à la colonisation de descendance européenne, au Canada, comme dans la plupart des sociétés occidentales, très peu de femmes mariées occupent des emplois rémunérés. Jusqu’aux années 1960, en se mariant, les femmes abandonnaient généralement leur emploi pour se consacrer à leur vocation d’épouse, de mère et de ménagère. Même si la contribution de ces femmes est extrêmement importante, très peu de documents témoignent de l’envergure de leur travail, tant dans leur famille que dans leur communauté. Les historiennes et les historiens, qui s’intéressent à cet aspect du vécu féminin, doivent faire preuve de beaucoup d’ingéniosité pour retrouver des documents leur permettant de retracer ces facettes, pourtant fondamentales, de la contribution des femmes. Malheureusement, les fonds et les collections du Centre d’archives de la Grande Zone argileuse ne font pas exception à cette règle. C’est pourquoi nous profitons du mois de l’histoire des femmes pour rappeler que nous sommes toujours à la recherche de documents relatant le vécu des femmes qui travaillaient à la maison.
Le fonds Simone Camiré nous permet cependant de découvrir un autre aspect du travail de femmes qui, tout oeuvrant au foyer, s’adonnaient comme Mme Camiré au bénévolat. En consultant ce fonds, le chercheur ou la chercheuse découvrira que plusieurs femmes offraient gratuitement leurs services aux organisations tant paroissiales que féminines de leur communauté. Des documents reliés au travail bénévole des femmes se retrouvent également dans le fonds Alice et Raoul Vaillancourt. Ils témoignent de la contribution de Mme Vaillancourt à diverses organisations féminines et paroissiales ainsi que son appui au domaine culturel.
À partir du début du XXe siècle, de plus en plus de jeunes femmes occupent des emplois avant leur mariage. Elles travaillent comme servantes domestiques, secrétaires, enseignantes, infirmières et dans le commerce au détail. Dans notre région, elles se rendent également dans les camps de bucherons où on leur confie des postes de « cookies» (aides-cuisinières).
Au Centre d’archives de la Grande Zone argileuse, le fonds Rollande Boutin relate le trajet d’une jeune Québécoise venue enseigner dans le nord de l’Ontario. La collection Lorraine Fauchon ainsi que le fonds Sylvie Bégin contiennent pour leur part des photos présentant de jeunes aides-infirmières de l’hôpital Notre-Dame, dans les années 1950. On retrouve également le registre d’un salon de coiffure des années 1940 dans le fonds Sylvie Bégin.
Deux fonds nous offrent une perspective sur la pensée féministe des années 1970 et 1980 dans la région, soit le fonds Franco-Femmes et le fonds Nicole Roy. On y retrouve notamment des documents concernant la fondation de La Maison Verte de Hearst.
D’une valeur inestimable, ces fonds et ces collections rendent comptent de plusieurs aspects importants et intéressants de l’histoire des femmes de notre région. Néanmoins, afin de pouvoir mettre en lumière l’ensemble de cette histoire d’autres documents sont nécessaires. C’est pourquoi nous profitons de cette dernière journée du mois de l’histoire des femmes pour rappeler l’importance de tous documents relatifs à cette histoire. Nous sommes donc constamment à la recherche de nouveaux documents : correspondance, journaux de vie, photos, témoignages textuels, audio et audiovisuels exposant le travail et les loisirs des femmes ainsi que leurs engagements communautaires, politiques, économiques, sociaux et féministes. Si vous possédez de tels documents, n’hésitez pas à communiquer avec le Centre d’archives. Il s’agit de traces essentielles pour écrire l’histoire trop longtemps négligée de cette moitié de l’humanité.
- Féministes de la première heure, Nellie McClung, Marietta Muir Edwards, Irene Parley, Louise Mckinney et Emily Murphy portèrent la cause devant les tribunaux.
Photo :
Groupe devant l’école du village forestier de la compagnie Arrow à Calstock, en 1950. Il s’agit de la première école où Rollande Boutin, née Beaudoin, a enseigné à son arrivée dans le nord de l’Ontario.
Fonds Rollande Boutin.
Image tirée du carnet de rendez-vous d’un salon de coiffure de Hearst, dans les années 1940.
Fonds Sylvie Bégin.