27 juin 2017
Cher Père Pelletier
Danielle est patiente. Elle attend toujours mon texte portant sur toi pour la série « Les Bâtisseurs ». Mais voilà que je n’arrive pas à coucher sur papier cet hommage à toi le professeur, le directeur des élèves du Collège de Hearst, l’ami que j’ai tant aimé. Ne va pas croire que je t’ai oublié, loin de là! Jamais je ne pourrais oublier le rôle que tu as joué dans ma vie, la mienne et celle de centaines d’autres qui ont fréquenté le Collège de Hearst dans les années ’60.
En ce moment, je parcours l’hommage que j’ai préparé et lu en ton honneur lors de la collation des grades de 2003, moment où l’Université de Hearst te remettait un doctorat honorifique pour souligner ta contribution à la vie de cet établissement. Les deux mots qui reviennent le plus souvent dans ce discours, ce sont « bonté » et « douceur », deux mots simples mais qui disent tout de toi, de ce que tu as été pendant toutes ces années en tant que directeur des élèves. J’y évoquais toute une série de souvenirs, témoins de ta bonne nature d’être humain au service de ces jeunes garçons qui ont fréquenté le Collège de Hearst de 1958 jusqu’à sa fermeture en 1970.
Mais voilà, je n’ai pas envie de reprendre ici ce que j’ai déjà dit dans ce texte de reconnaissance et d’amour. Toutes ces qualités qui étaient les tiennes et que tu as si généreusement données au Collège de Hearst, toutes les personnes qui t’ont bien connu s’en rappellent. Non, aujourd’hui, c’est des années qui ont suivi ton départ du Collège de Hearst dont je veux parler parce qu’elles m’ont permis de reconnaitre en toi une autre de tes grandes qualités. Suite à ton départ du Collège en 1973, tu as occupé beaucoup de fonctions au service du Diocèse de Hearst en plus de nombreux ministères de paroisses. Mais malgré toutes ces tâches, le « Collège » est toujours demeuré là au fond de ton cœur. Je le sais parce que, peu importe la fréquence ou la durée de nos rencontres souvent au hasard de nos quotidiens respectifs, toujours, elles aboutissaient avec la même question de ta part : « Pis au Collège ça va?… Vous vous tirez d’affaire? » Pour moi, cette question me disait tout de ta fidélité à ce projet fou qu’avait été le Collège de Hearst et qui se poursuivait maintenant sous le nom de l’Université de Hearst. Même après toutes ces années et malgré tes autres nombreuses occupations, tu continuais à t’intéresser au « Collège », sachant comme tout le monde que son existence continuait toujours à ne tenir qu’à un fil. À chaque fois que tu me posais cette question, je ressentais une grande fierté. Je voyais dans ta question une marque de confiance, une reconnaissance de ta part que j’étais, moi, ton élève d’autrefois, à mon tour, un des acteurs de la relève. Je sentais que tu t’en remettais à moi et à mes collègues pour diriger ce projet fou que toi et tes collègues aviez dirigé une génération plus tôt. Malgré la distance qui séparait ton présent de tes années de travail actif au « Collège », tu y demeurais fidèle, toujours intéressé à son bien-être.
Oui Père Pelletier, tu étais un homme bon, un homme doux, mais un homme fidèle aussi, d’une fidélité que le nombre des années n’a jamais diminué. Et voilà où je veux en venir en parlant de ta fidélité. Au fond c’est de cette fidélité, la tienne, dont je parlais dans la dernière phrase de mon hommage à toi en 2003 : «… en te remettant aujourd’hui cet honneur (nous voulons) te donner la place qui te revient dans la mémoire et la conscience de l’Université de Hearst pour que ta vie au service de cet établissement serve d’exemple à suivre pour toutes les générations à venir ». Mon souhait c’était que, d’une façon ou d’une autre, l’esprit qui a animé tes années de travail au « Collège de Hearst » et ta grande fidélité à sa cause, à sa mission se transmettent à celles et à ceux qui aujourd’hui ont entre leurs mains le destin de l’Université de Hearst.
Et bien voilà que la semaine dernière, j’en ai eu la preuve! Voici les mots que Luc Bussières, le nouveau recteur de l’Université de Hearst a mis au cœur du message qu’il a livré au corps professoral lors de la rencontre de fin d’année. Cinq mots pour décrire l’esprit qui l’anime au moment où il entreprend la charge de son nouveau poste à la tête de l’université : amour… révolution (j’y ai reconnu le rêve fou!)… responsabilité… équipe… écoute. Des mots que j’ai entendus de toi, de Raymond Tremblay, des mots que tu as toi-même entendus de Mgr Louis Levesque. Étrange à quel point la Providence ne cesse jamais de se manifester!
Jean-Pierre Bergevin
le 19 juin 2017.
Courte biographie :
Jean-Roch Pelletier est né le 10 mai 1930 à St-Louis du Ha! Ha!, Comté du Témiscouata au Québec. Après avoir complété ses 4 années de théologie à Rimouski, il est ordonné prêtre le 22 juin 1958 en l’église de St-Louis du Ha! Ha! En août de la même année, c’est en compagnie de Marcel Latulipe et d’un autre confrère du séminaire de Rimouski, Jean-Guy Mailloux, qu’il se rend dans son nouveau diocèse. Pendant les prochaines 45 années, le Père Pelletier allait consacrer son temps, son énergie et ses nombreux talents au service du diocèse de Hearst, une communauté qu’il a adoptée dès son arrivée.
De 1958 à 1973 : Séminaire de Hearst, Le Collège de Hearst
- Professeur de français, de mathématiques et de religion
- Maître de salle
- Directeur des élèves de 1963 à 1970
- Responsable de la gestion de l’immeuble du Collège de Hearst, de 1971 à 1973
Jusqu’à sa retraite en 2001, il a pratiqué son ministère dans plusieurs paroisses du diocèse et occupé plusieurs postes administratifs au niveau diocésain. Jean-Rock Pelletier est décédé en novembre 2008.
Sources :
Fonds de l’Université de Hearst, photos 1 et 2
Photo 2 : Conseil étudiant, 1965.
De gauche à droite
Assis : Ghislain Plourde et Jean-Rock Pelletier
Debout : Raymond Boucher, Michel St-Jean, Raymond Girard, Jean-Claude Camiré, Donatien Grenier, Jean-Pierre Bergevin et Maurice Pion.
Fonds Jean-Roch Pelletier, photo 3.