20 novembre 2018
Pitoune… un mot aux multiples significations.
Selon de votre âge et le milieu dans lequel vous évoluez, ce mot peut revêtir des significations fort différentes. De nos jours, ce terme est souvent utilisé pour désigner « une belle jeune femme ». De façon péjorative, on s’en sert aussi pour parler «d’une femme de moeurs légères ».1
Même si son origine demeure obscure, le mot a d’abord été lié au travail forestier. À l’époque, les travailleurs forestiers désignaient ainsi « les billes de bois d’une longueur déterminée »,2 généralement « un tronçon de quatre ou de huit pieds »3 comme de la pitoune.
Pour les gens de la région de Hearst ayant vécu l’effervescence culturelle du début des années 1970, La Pitoune, c’est aussi un centre socioculturel francophone. C’est sans doute en s’inspirant du vocabulaire forestier de l’époque que les jeunes instigateurs et instigatrices de ce projet choisirent de nommer leur centre culturel, La Pitoune.
La Pitoune fut en effet fondé par un groupe de jeunes passionnés par le domaine artistique sous toutes ses formes. Installée dans les locaux de l’Université de Hearst (troisième étage), La Pitoune se voulait un « centre qui ne soit pas seulement un lieu de rencontre et de travail, mais bien un endroit où l’air est chaud, où l’on est bien, où l’on est à l’aise, où l’on crée librement, où l’on communique, où l’on ne ressent plus les « hang-ups » de chaque jour, où il n’y a plus d’âge. »3
Au cours de son existence, La Pitoune s’engage dans de nombreuses sphères d’activités artistiques, culturelles et sociales en offrant, entre autres, des ateliers en arts plastiques, en céramique, en danse folklorique et sociale, en expression corporelle, en musique, en peinture, en photographie, en sculpture et en théâtre. À ces activités se greffent des foires d’arts, des camps artistiques, l’organisation de spectacles (dont celui de Renée Claude à l’occasion du carnaval de Hearst, en 1972), des expositions, des spectacles de marionnettes et les camps d’été intitulés Potion Magique.
Comme bien d’autres organismes culturels, le fonctionnement de La Pitoune repose d’abord sur des subventions gouvernementales et lorsque ce financement disparait, elle doit graduellement cesser ses activités. Malgré sa courte existence, ce centre culturel a laissé sa marque et ses empreintes non seulement dans la région de Hearst, mais également un peu partout en Ontario français. Il est en effet permis de croire que sa disparition mène notamment à la fondation du Conseil des arts de Hearst. Fondé en 1977 par un groupe d’amies et d’amis des arts, cet organisme obtient sa charte l’année suivante et dessert, depuis maintenant 40 ans, la région. Par ailleurs, parmi les membres les plus actifs de La Pitoune, plusieurs ont poursuivi des carrières dans divers domaines artistiques et sont aujourd’hui connues et connus à travers la francophonie ontarienne et canadienne. Alain Gagnon, Paulette Gagnon, Guy Lizotte, Donald Poliquin, Louise Tanguay, Laurent Vaillancourt et Michel Vallières figurent notamment parmi les personnes ayant de diverses façons été associées au centre culturel La Pitoune.
Le Centre d’archives a récemment procédé à la classification du fonds La Pitoune. Ce fonds contient un rapport détaillé des activités de l’organisme en 1971-1972. D’autres documents, au sujet du premier centre culturel de Hearst, existent sans doute. Si vous en avez ou si vous connaissez des personnes susceptibles de nous aider à retrouver de tels documents, n’hésitez pas à communiquer avec nous.
Sources:
- Antidote, dictionnaire consulté le 15 novembre 2018.
- Le nouveau Petit Robert. Paris, Nouvelle édition millésime, 2008, p. 1915.
- Germain, Doric. « Le vocabulaire français des travailleurs en forêt du Nord-Est ontarien » Boréal (Revue du nord de l’Ontario), p. 33.
- Fonds La Pitoune, Communiqué de presse, le 27 juillet 1971, p. 18.
Image :
- Fonds La Pitoune, p. 140.