9 février 2016
Reconnu comme le mois du patrimoine en Ontario français, février c’est aussi la période toute désignée pour célébrer l’hiver. Dans nos communautés, les activités récréatives prennent souvent la forme de carnavals. Au Centre d’archives de la Grande Zone argileuse, nous avons récemment découvert un p’tit trésor qui nous rappelle les liens entre les activités hivernales d’aujourd’hui et celles auxquelles on s’adonnait, dans les années 1950 et 1960, au Séminaire de Hearst/Collège de Hearst (aujourd’hui l’Université de Hearst).
Nous avons en effet retrouvé des diapositives témoignant d’une célébration de l’hiver jadis très appréciée dans toute la région : le Festival du Collège. Les plus âgées et âgés se souviendront, entre autres, des fameux monuments de glace qui entouraient la patinoire extérieure et des nombreuses activités sportives qui caractérisaient cette fête hivernale estudiantine. S’y greffaient des activités culturelles, notamment les soirées d’amateur où la jeunesse franco-ontarienne étalait ses nombreux talents artistiques.
Quoi de mieux que le mois du patrimoine pour nous rappeler que le festival du Collège de Hearst est le précurseur de plusieurs des carnavals d’hiver qui égayent aujourd’hui les villes et villages de notre région? En ce mois du patrimoine 2016, nous en profitons pour reproduire ci-après un éditorial portant sur les préparatifs et sur l’enthousiasme que soulevait le Festival du Collège de Hearst en 1966.
É D I T O R I A L
LE FESTIVAL « À L’EAU »?
Par : Gaétan Vallières
Tout allait très bien. L’enthousiasme faisait des monuments de glace. On avait des sourires de festival déjà sur les lèvres. Mais la pluie est venue. Deux jours que ça a duré. La glace a fondu. Les monuments déjà commencés ont fondu. Et l’enthousiasme aussi, avec l’avion qui sombre à l’eau, le bonhomme géant qui maigrit et maigrit, et devient nain, et le mur. (Il m’est arrivé de désirer que le mur de Berlin fondit aussi vite!) Le froid est revenu et maintenant la neige qui reste est en croûte, ou comme du sel tant elle s’égrène. Il faut attendre. Mais le festival ne peut pas attendre. La date est fixée : la fin de semaine du 27.
J’ai déjà lu qu’on savait mesurer la valeur de quelqu’un à sa façon de recevoir un contretemps. J’avoue que les deux jours qui suivirent les jours de pluie, je n’aurais pas donné cher pour la valeur des Collégiens. L’enthousiasme était tombé. Ce que l’on appelle vraiment tomber. Et dans tous les domaines. À quoi bon pratiquer le hockey pour les futures parties du festival? À quoi bon remettre des articles pour le Boréal du festival? À quoi bon se creuser la tête pour une soirée d’amateur intéressante au festival? À quoi bon?
Mais j’ai rougi. J’ai eu honte de n’avoir pas eu confiance. Le lendemain, il y avait des sourires. Il y avait du pep. Sans doute, le pep n’a pas fait revenir la neige. Mais on a réparé la patinoire. On a conçu de nouveaux plans pour des monuments plus petits, mais quand même, des monuments. On veut se concentrer sur un souper mieux organisé, sur des décorations intérieures plus étudiées, sur une soirée d’amateur plus parfaite. On voudrait aussi un Boréal plus soigné.
Enfin, le Festival réussira. Les contretemps, c’est pas là pour rien. C’est là pour que l’on passe par dessus.
Venez donc vous rendre compte vous-mêmes de ce qu’un Festival difficile à organiser peut avoir l’air. Nous vous souhaitons des surprises. Prenez-vous un cœur de joie et d’enfant –pourquoi pas?– et venez vous divertir avec nous.
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Sources :
Gaétan Vallières, éditorial publié dans la revue étudiante Boréal, vol. 8, no 3, p. 5, 1966.
Photos : Fonds de l’Université de Hearst, photographe inconnu.
N.B.
Si vous reconnaissez certaines des personnes sur la photo, veuillez s.v.p. communiquer avec le Centre d’archives de la Grande Zone argileuse.