14 juin 2016
La Grande Zone argileuse nord-ontarienne, vous connaissez? Il s’agit d’une vaste ceinture d’argile qui recouvre une partie du Bouclier canadien, dans le nord de l’Ontario et du Québec. En Ontario, cette zone s’étend d’Iroquois Falls à Longlac et de Timmins jusqu’au 50e parallèle. Toutefois, une question se pose : comment expliquer l’existence de cette zone argileuse, comment a-t-elle été formée? Pour répondre à cette question, il est nécessaire de retracer les évènements géologiques qui ont façonné le Nord ontarien il y a très très longtemps, notamment au cours de la période que les géologues identifient comme le Quaternaire.
Le Quaternaire comprend deux époques géologiques. Tout d’abord, il y a le Pléistocène qui est désigné comme le grand âge glaciaire, puis il y a l’Holocène; une période relativement chaude. Le passage entre les deux époques a eu lieu il y a environ 11 800 ans. Au moment de cette transition, l’inlandsis laurentidien, une immense calotte glaciaire d’une épaisseur pouvant atteindre 5000 mètres, recouvrait une bonne partie du continent nord-américain, notamment le nord de l’Ontario. La fonte de l’inlandsis a eu plusieurs impacts. D’une part, il a augmenté le niveau marin de plusieurs mètres. D’autre part, il a créé un rebondissement glacio-isostatique. Un rebondissement glacio-isostatique se produit lorsque le socle rocheux enfoncé sous l’effet du poids de la glace est libéré et remonte à la surface. Avec le recul de la glace, plusieurs lacs glaciaires se sont formés dans les dépressions entourant les marges de l’inlandsis.
Formé il y a environ 11 700 ans, le lac glaciaire Agassiz recouvrait une grande partie du Manitoba, de l’Ontario, du Minnesota et de la Saskatchewan. Il y a 8500 ans, cette vaste étendue lacustre a rétréci rapidement avec le recul du glacier et le rebondissement glacio-isostatique. Au même moment, un second lac, le lac Ojibway, a pris naissance à partir du lac Agassiz. Majoritairement présent dans le nord de l’Ontario et en Abitibi-Témiscamingue, le lac Ojibway a recouvert le territoire pendant de nombreuses années avant que l’eau ne se déverse dans la baie d’Hudson puis dans l’Atlantique nord. Ce mouvement des eaux a laissé dans la région une couverture argileuse d’une épaisseur de quelques décimètres à quelques mètres.
En résumé, durant la dernière déglaciation de l’Amérique du Nord, la production d’eau de fonte associée au recul progressif de l’inlandsis Laurentidien vers le Nord a entrainé la formation du lac Agassiz puis du lac glaciaire Ojibway, en marge du glacier. Ce lac a laissé la couche argileuse nommée la Grande Zone argileuse, d’où le nom de notre Centre d’archives, puisqu’il a le mandat de préserver les trésors archivistiques de ce vaste territoire nord-ontarien.
Rédigé par Daniel Fauchon.
Photos :
- Site Web de Tourisme Abitibi-Témiscamingue, page consultée le 6 juin 2016
http://www.tourisme-abitibi-temiscamingue.org/blogue/2013/05/23/les-pierres-de-fee-embleme-de-labitibi-temiscamingue/
Photo illustrant une pierre de fée. À partir du recul du front glaciaire et du lac Ojibway, des concrétions constituées d’argile et consolidées par un ciment calcaire se sont formées dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue. Ces pierres particulières à la région ont été transportées par les cours d’eau et déposées au bord des lacs et des rivières. Les Amérindiens les appelaient « pierres de fée » en raison de leurs formes varié et de leurs significations spirituelles. - Site Web du Great Lakes Sensitivity to Climatic Forcing, page consultée le 6 juin 2016.
http://www.glerl.noaa.gov/res/Programs/glscf/hydrology.html
Photo illustrant le lac Agassiz et le lac Ojibway