13 octobre 2015
Est-ce que c’est le coût de la vie qui est haut
Ou si c’est de vivre haut qui est coûteux ?1
Des petites réflexions de ce genre, on en retrouve plusieurs dans un des dossiers du Fonds Guy Lizotte. Aussi connu comme le poète de Coppell,2 Guy Lizotte est né le 12 février 1953. Il aimait se présenter comme le p’tit gars de St-Pie-X puisqu’il était originaire de cette communauté, maintenant amalgamée à Hearst. Connu et apprécié de toute la communauté artistique franco-ontarienne, il a contribué à l’effervescence culturelle qui a caractérisé la francophonie nord-ontarienne au cours des années 1970. Son premier recueil de poésie, Cicatrice, est publié en 1977, alors que le deuxième, La Dame Blanche, paraît en 1981. Au cours des années 1980, il travaille bénévolement et sans relâche à la réalisation d’un de ses rêves : la fondation d’une radio à Hearst. CINN, la radio communautaire de Hearst, entre officiellement en ondes en décembre 1988. Guy Lizotte en est alors le directeur.3 Au cours des années 1990, il oeuvre comme travailleur social tout en poursuivant des études dans le domaine. L’Université Laurentienne lui décerne son diplôme, un baccalauréat spécialisé en service social, quelques semaines après sa mort.
Au moment de son décès en avril 2001, le Nordir préparait une réédition de ses poèmes. Selon son éditeur, Guy Lizotte en était heureux ayant affirmé : Comme dans Cicatrice, il y a des poèmes que je n’aimais pas… Et quand il n’y a pas de réédition, bien t’es obligé de les haïr tout le temps… C’est comme avoir gardé le linge que tu portais en 8e année–et d’avoir à le porter 20 ans plus tard. Tout de Guy Lizotte se trouve dans ce commentaire : le sens de l’image savoureuse, loin de toute préciosité, de tout intellectualisme. Toutefois, que cette simplicité ne fasse pas écran : elle atteste aussi qu’il avait conscience du travail que nécessite la poésie.4 Intitulé Reprises : poésie par Guy Lizotte, le recueil est publié en 2002.
Récemment acquis par le Centre d’archives de la Grande Zone argileuse, le Fonds Guy Lizotte comprend des documents textuels et sonores témoignant de la vie et de l’œuvre de son créateur. Le Centre d’archives procèdera dès que possible à la classification de ce fonds qui sera ensuite accessible aux chercheurs et aux chercheuses. En attendant, voici un court texte illustrant comment le poète de Coppell envisageait le rôle de la radio qu’il a, avec d’autres visionnaires, fondée.
Chez nous on a envie
on veut
une radio qui t’aime
une radio d’ici…
C – I
C – I
C – I-N-N – FM
Une radio qui t’aime
La forêt s’en va vers le sud
À bord d’un train qui revient sans cargo
Tout part du Nord
Tout revient du sud
Il est grand temps d’avoir notre radio
On s’est fait dire des mots d’ailleurs
Par les radios qui ne sont pas nôtre
Moi j’aime mon nord et je veux meilleur
Pour qu’à mon tour je sois ton hôte
On doit unir et divertir
Informer – se créer un nouveau son
Eh l’ami – Faire parti de l’avenir
Par une radio qui vient d’ici.5 (sic).
Sources :
Photo : Marcel Rhéaume
- Fonds Guy Lizotte.
- Melançon, Johanne. Préface, Reprises : poésie par Guy Lizotte, Hearst/Ottawa, Le Nordir, 2002, p. 11-16.
- «Hearst passe à l’histoire avec CINN», L’Élan, vol. 2, no 24, le 6 décembre 1988, p. 5-6.
- Yergeau, Robert. «L’arrache-clou», Revue Liaison, no 111 (été 2001), p. 22-23.
- Fonds Guy Lizotte.